Le thème de cette année ? Le progrès !

Alliance Biocontrôle y était.

Au cœur de l’événement, une table ronde sur « L’agriculture durable et les intrants agricoles, un marché international à portée des innovations françaises », animée par Ursula-Madjo de BPI France.

Les produits de biocontrôle et les biostimulants étaient le cadre des interventions d’Anthony Bugeat (Axioma), Ene Leppik (AgriOdor) et Geoffroy Moulin (Staphyt) qui ont consacré un focus aux contraintes réglementaires.

Morceaux choisis :

  • Ené Leppik : « En 2019, nous n’avons pas eu de difficultés à obtenir des levées de fonds, car nous étions sur la @deeptech : on sait faire de l’innovation de rupture en France ! Mais cette innovation ne viendra pas en Europe car les contraintes réglementaires coûtent trop chères face au marché concerné ! »
  • Geoffroy Moulin : « Le délai pour autoriser un produit de biocontrôle aux Etats-Unis est de 2 ans quand il est au moins de 7 ans en Europe ! »
  • Anthony Bugeat : « Il existe 2 types majeurs d’innovations : l’innovation de rupture qui nécessite du temps et des ressources importantes et l’innovation plus orientée marketing, directement liée aux besoins immédiats du marché. En entreprise, il est crucial de savoir s’adapter et jongler entre les 2. Miser uniquement sur l’innovation de rupture rend le financement à long terme plus complexe. »
  • Ené Leppik : « Nous pouvons créer un nouveau produit de biocontrôle en 3 ans quand l’industrie traditionnelle a besoin de 10 ans. Mais nous n’avons pas d’accès au marché à cause des contraintes réglementaires. L’accès au marché coûte 1,5 M€ par molécule. Nous travaillons sur les odeurs. Ce n’est pas une molécule qui est concernée pour un produit mais un bouquet de molécules ! Un dossier réglementaire peut ainsi coûter 4 M€. Si on regarde les projets morts depuis 15 ans, on va trouver beaucoup de dossiers de sociétés innovantes qui ont été bloquées par le coût de la réglementation. »
  • Anthony Bugeat : « Même lorsqu’un dossier est déposé et que la complétude est confirmée, nous manquons encore cruellement de visibilité et ne savons pas quand nous obtiendrons l’homologation. »
  • Ené Leppik : « Oui ! on ne peut pas dire à nos investisseurs : « Ce produit pourra être mis sur le marché dans 7 ans ou dans 12 ans… On ne sait pas ! » »
  • Geoffroy Moulin : « En 2017, une société innovante ayant une innovation de rupture nous avait consulté pour les accompagner. Face aux contraintes réglementaires, cette société a finalement décidé de ne pas y aller ! Quatre ans plus tard, une pépite américaine est arrivée avec la même technologie. L’idée à l’origine était française. Le développement aura été américain. »
  • Anthony Bugeat : « Mon constat est que l’Europe ne représentera que 10 à 15 % de la croissance mondiale. Ainsi, si nous voulons nous imposer sur des marchés hautement concurrentiels, il est essentiel de nous tourner vers l’export, où la croissance est plus forte, notamment aux États-Unis et dans certains pays d’Amérique latine. Nos marchés, encore immatures, permettent aux entreprises innovantes de générer peu de chiffre d’affaires, ce qui les rend non rentables à ce stade. Elles dépendent donc de financements externes pour poursuivre leur développement sur ces marchés en pleine expansion. Cependant, compte tenu du contexte économique en Europe, et particulièrement en France, toutes ces entreprises ne parviendront pas à convaincre les investisseurs. Le prochain défi majeur sera donc la consolidation du secteur. »

Ces enjeux sur la réglementation, sur la nécessité d’accélérer l’homologation des produits de biocontrôle en Europe, seront au centre des discussions du prochain séminaire technique et réglementaire d’Alliance Biocontrôle, le 28 novembre, réservé aux adhérents de l’association. On y parlera aussi financements.

Pour adhérer à Alliance Biocontrôle et participer à nos évènements : www.alliancebiocontrole.com/adherer